Bulletin n. 48, Année 2004

Au fil de l’eau

Avant-propos

Katia CHARDON BADERTSCHER

Un peu plus d’eau, dans votre absinthe ? - Non, moins !...

Pierre-André DELACHAUX

Pour déguster l’absinthe, réunissez d’abord quelques accessoires, les instruments indispensables au rituel, à la cérémonie. Car il s’agit bien d’une cérémonie, dont les fidèles doivent suivre à la lettre toutes les étapes.
Une bonne absinthe n’a pas de marque. Si son étiquette en porte une, c’est qu’elle a été achetée au supermarché, une absinthe de bazar, au goût banal, standard. Celle-là ne fait partie de la cérémonie.
La vôtre, la vraie, est anonyme, dénichée chez votre fournisseur vallonnier (habitant le Val-de-Travers), un authentique résistant. Peut-être lui a-t-il collé une étiquette originale, au texte amusant, mais pas de nom, jamais. Pourtant rien ne vous empêche de révéler à vos hôtes que votre « Fée » est covassonne, ou môtisane, que vous l’avez achetée chez le Louis...

L’épopée de l’eau aux fontaines

Maurice EVARD

Dans l’histoire de l’approvisionnement en eau, les fontaines jouent un rôle primordial. Elles requièrent la recherche de sources, la pose de canalisations, le façonnage des bassins en bois ou en pierre, soit de calcaire ou de granit, le transport de ceux-ci. Jadis autour d’elles s’inscrivaient de nombreuses activités sociales, lieu de rencontre des lavandières, des troupeaux, des gens venus chercher l’eau potable d’appoint, etc. Aujourd’hui, sans usage précis, elles participent du décor de la localité, mais elles sont les victimes de la circulation routière et de désintérêt de la population.

Systèmes d’alimentation des moulins à eau dans l’Arc jurassien

Daniel GLAUSER

Le moulin à eau décrit ici doit être compris dans son sens générique : il regroupe non seulement la mouture de la farine, mais également toutes les machines actionnées par un moteur hydraulique. Le présent article se limite aux pré-industries en relation directe avec le monde rural. Celles-ci répondaient prioritairement aux besoins de l’agriculture avec la mouture et le battage des céréales, le sciage à façon des bois de construction, le broyage des fruits ou celui des cerneaux pour la fabrication de l’huile de noix, le façonnage de l’outillage agricole ou encore la confection des roues de char. Plus rarement, des installations servaient de pilon à écorce pour les tanneries, ou encore au broyage des os dont la poudre entrait dans la composition d’engrais.

Légendes d’eau

Edith MONTELLE

Le dictionnaire Littré donne la définition suivante de la légende : “ Titre que porte sur un plan d’architecture, sur une carte topographique, etc. la liste explicative des lettres, des signes, des couleurs par lesquels on en indique les différentes parties ou les endroits remarquables. ”
La légende est indispensable au géographe, car elle lui indique le système de référence choisi par le cartographe ; elle l’aide à se représenter aisément le paysage décrit et, le cas échéant, à se repérer sur le terrain.
Partons, si vous le voulez bien, dans une balade en zigzag à travers le légendaire aquatique suisse.

Le Seyon et son bassin versant

Berta POKORNI-AEBI

Le Seyon, qui traverse le Val-de-Ruz d’est en ouest pour se jeter dans le lac de Neuchâtel, draine une surface de 121 km2. Dans le passé, il a participé au développement industriel de la région. Aujourd’hui, l’eau du bassin versant est utilisée à des fins d’eau potable et les cours d’eau servent à l’évacuation des eaux épurées. La qualité de l’eau reflète cette l’influence de l’activité humaine. Le réseau hydrographique est très contrasté. Les tronçons naturels alternent avec des tronçons complètement artificiels. Les travaux menés par le service de la protection de l’environnement montrent que pour améliorer la qualité de l’eau, il faudra également rendre au cours d’eau l’espace dont il a besoin pour se développer librement.

Qualité de l’eau : pour quel usage ?

Jean-Bernard LACHAVANNE et Raphaëlle JUGE

Pour une large majorité des personnes, la notion de qualité de l’eau se rapporte à l’eau de boisson, voire à l’eau de baignade, mais cette notion est indissociable de celle d’usage, de tous les autres usages, qu’ils soient domestiques, industriels, agricoles ou de loisirs. L’article présente une réflexion sur la notion de qualité de l’eau et la revisite - à la lumière des principes du développement durable - dans sa double fonction de substance qui est facteur de vie et de développement et de support d’écosystèmes prestataires d’activités socio-économiques.
En conclusion, il apparaît nécessaire de trouver un compromis pour gérer les ressources en eau et les écosystèmes aquatiques en fonction des usages que la société souhaite privilégier et de s’orienter vers une politique de l’eau plus différenciée en fonction des contraintes locales et régionales.

Les changements climatiques et leurs impacts potentiels

Martin BENISTON

Cet article effectue un tour d’horizon des changements climatiques, depuis leurs causes jusqu’à leurs impacts. On se penche en priorité sur les modifications de l’environnement alpin face aux changements que les modèles de climat laissent prévoir pour la fin du 21e siècle, notamment sur la neige, l’eau et les écosystèmes. Enfin, on dresse un tableau des possibilités de contrer le réchauffement planétaire ou du moins de s’y adapter, notamment par le biais du Protocole de Kyoto

Utopie ou mégalomanie ? Le canal antique du Nil à la mer Rouge/ canal de Trajan ou l’histoire d’une gageure

Jean-Jacques AUBERT

Le canal de Suez, entre Port Saïd et la mer Rouge, a succédé à un canal antique conduisant du Nil au golfe de Suez à travers le Ouadi Toumilat. Ouvrage commencé par les pharaons, repris par l’envahisseur perse, puis par un roi hellénistique et un empereur romain, il n’a probablement été navigable que de manière éphémère jusqu’à l’époque arabe. Les travaux entrepris sur son tracé à diverses époques concernaient plus l’exploitation des capacités d’irrigation que l’entretien de la voie fluviale liée à la promotion d’un commerce oriental qui n’a pas laissé beaucoup de traces dans la région.

L’eau, élément vital au Proche-Orient

Daniel SOHRABIAN

Dans les régions de faible pluviosité, comme au Proche-Orient par exemple, la pénurie d’eau se fait sentir d’une manière de plus en plus aiguë. Les nappes phréatiques trop sollicitées ne fournissent plus l’eau indispensable à tous les habitants ; quant à l’eau des fleuves, elle est très convoitée par les pays riverains. Il en est ainsi des eaux de l’Euphrate dont le débit est insuffisant pour subvenir aux besoins de la Turquie orientale, de la Syrie et de l’Irak. Comme le secteur amont du fleuve se situe en territoire turc, c’est au bon vouloir de ces derniers dont dépend la quantité d’eau qui s’écoulera vers la Syrie et l’Irak. Les nombreux accords, conventions et décisions de partage n’étant pas vraiment respectés, le problème de l’eau ne fait qu’augmenter la tension déjà très vive qui règne entre ces pays.